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il parait qu'il va faire beau, demain.
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il parait qu'il va faire beau, demain.
2 septembre 2009

ma ion (bis)

J'ai déjà dit ce que j'avais à dire sur elle, pourtant, j'y pense encore. Evidemment j'ai pas envie de plus jamais y penser, mais, pour le reste en tout cas, écrire quelques mots ici me permet de me décharger de certains point ailleurs.
C'est dingue, ce qu'elle peut me manquer. Et c'est dingue comme celle que je peux définir comme ma meilleure amie me la rappelle, par moment. Très certainement pour nos instants privilégiés.
2 ans, 2 mois et 11 jours. C'est assez paradoxal d'ailleurs, la façon dont le temps et les souvenirs s'écoulent. J'ai l'impression que je te parlais encore hier, et que, pourtant, je ne t'ai pas vu depuis une éternité.

 

Vraiment bizarre.

"Deuil : nom masculin.  Affliction, peine éprouvée suite au décès de quelqu'un."   __  ça, ok, je commence à avoir bien compris.

Faire son deuil, si ça veut dire passer la période de deuil (?), je vois toujours pas comment on fait. Parce que la peine, elle ne s'en va jamais, et elle ne s'atténue pas plus. Peut-être est-elle compensée par le bonheur vécu avant et depuis, mais ça ne l'efface en aucun cas.
Imaginons un échelle graduée, verticale (bon ça en pratique on s'en fout), dirigée vers le haut. J'imagine qu'on peut faire un joli petit graphique, les courbes du "deuil" partant du zéro vers le bas, et tout ce qui peut compenser partant de la même origine, mais vers le haut. Deux conclusions se posent à moi assez vite :
- je fais trop de maths
- quelle est l'unité? La dimension? "L'échelle du bonheur" ?
Assez ris, j'oublie ce pourquoi je suis venue.

Ma ion. Oui, j'en ai déjà dit beaucoup (ici, ou ailleurs). Mais ce regard continue de me hanter. Je ne suis même plus sure de ne pas l'avoir inventé, ce regard. Déception, tristesse, reproches, et ce petit air satisfait, du genre "je le savais bien".
Croisée en vitesse dans l'allée, je vais à la chorale, tu rentres chez toi. Depuis le foyer? un cours? le cdi? un banc? Je ne suis même pas capable de te poser la question, trop pressée. On a déjà parlé d'aller prendre un café, plusieurs fois. "J'te l'jure, on va le prendre ce café."
C'est la dernière fois que je t'ai adressé la parole, wouhou.
Et c'est à ce moment que j'ai vu, ou cru voir ton regard se poser sur moi. En me retournant.

J'ai peut-être, surement même (mon esprit est un peu trop fertile quand il s'agit de souvenirs...) inventé cet instant d'une ou 2 secondes, tout au plus. Parce qu'après coup, je sais pertinemment que, regard ou pas, mots ou pas, je l'ai déçue, attristée, et je sais qu'elle me l'a reproché un temps.
J'ai coupé les ponts. J'ai mis plus de temps qu'il ne l'aurait fallu pour répondre à ces petits messages au collège, à ces sms au collège sans toi. J'ai trouvé une excuse pour chaque fois où on devait se voir. Et je ne sais toujours pas pourquoi, et faut croire que c'est ça qui fait terriblement mal.
On étaient fondamentalement différentes, je m'en suis aperçue dès nos premières conversations - et toi aussi je crois - mais terriblement complémentaires. Et les quelques points que nous avions en commun étaient probablement, du moins au début, ce qui faisait que nous étions comme ça.
Tu m'as éduquée, je ne vois pas d'autre mot. Pendant 2 ans, je ne pouvais pas imaginer me poser une question sans que tu me donnes une réponse. Ou un fou-rire.
On y arrive. Le rire. Tu m'as légué cette façon de rire tout le temps, y compris pour les mauvaises raisons. Tu riaient pour te moquer de moi, des autres, de toi parfois, pour des phrases ("B c'est un peu comme H pour E", non d'un chien comme j'ai pu regretté d'avoir dit cette phrase que tu as été la seule à comprendre, et à ma ressortir dès que tu étais énervée ou gênée, comme une vengeance), pour des attitudes, des têtes, des bruits. Tu as ris après m'avoir expliqué que ta mère avait une tumeur, "surement bénigne", c'est quand même assez significatif, non? Tu te moquais pour ne pas aborder les sujets véritables, un grand classique de la psychologie je crois. Je jurerais que tu te foutais de ta gueule quand tu t'es plantée, putain !
On y est. Le point crucial ! Tu me terrifiais. Evidemment tu étais loin, très loin même d'être parfaite, pourtant je t'ai en quelque sorte mystifiée pendant quelques mois, qui sont devenus des années -qui figurent parmi les meilleures de ma vie. Jusqu'à ce que l'éloignement physique permette à ces questions que je me posais de s'installer dans mon esprit, comme une tache d'encre sur une chemise. De l'encre indélébile. Pourquoi cette défense permanente? Pourquoi attaquer, m'attaquer moi, quand il suffisait de d'éviter les mots blessant que tu crachais à la figure du monde au quotidien. Tu me faisais confiance, j'en suis certaine, et je ne pouvais pas comprendre à quel point tu étais toi-même blessée intérieurement, mais, je crois, ça ne m'a pas empêché de t'écouter et d'essayer au moins, d'imaginer ce que tu pouvais ressentir. Sans aucune compassion, surtout pas! Sinon tu te refermais sans même me laisser le temps de comprendre que je t'avais encore perdu. Combien de fois? Des dizaines, des centaines de tentatives pour t'apaiser au plus profond. Et ça me tuait. Sans que je puisse saisir ce qui se passait d'ailleurs. Le malêtre s'est incrusté en moins, bien après, quand je me suis (enfin!) rendue compte que je n'y étais jamais arrivée, et que, en m'éloignant de toi pour cette même raison, je t'avais probablement perdue à tout jamais.
La question ne se pose plus, logique irréfutable, impossible de sauver quelqu'un qui est rentré dans un 4x4 à pleine vitesse en scooter. Il m'arrive de penser, parfois, merde, souvent, que ça ne pouvait pas être un accident. Tu l'avais forcément vu. C'est horrible à dire, et encore plus à écrire, parce qu'en relisant cette phrase je me rend bien compte que mon égo est surdimentionné au point de chercher des raisons à des événements qui ne me regardent pas, même de loin. Je ne devrais pas, par respect.
Mais j'emmerde le respect en fait, surtout à ton égard.
Il y a quelques mois, j'ai rencontré un gendarme pour un témoignage qui m'a couté cher (une partie de mon égo, et pas mal d'espoir), et, oh surprise, c'est lui qui "a dirigé l'enquête", comme on dit. Et quelle enquête! Un stop, qui était visiblement là pour faire joli, une route départementale, suffisamment large pour y faire rentrer douze A380, avec de jolis pointillés que tu connaissais bien, une voiture, grosse, en train de doubler, "trop vite" entendra-t-on, par respect j'en suis certaine. MERDE.
J'imagine bien la 1ere page du journal, la Une, à bien faire :"une petite conne dépressive depuis son plus jeune âge pour des raisons indéterminée, perd le semblant de raison de vivre après la mort de sa mère et se jette sous un connard de 4x4 qui n'a malheureusement rien pu faire"
Au lieu de ça, un truc du genre "un 4x4 percute violemment le scooter de la jeune Marion, qui, à la sortie du chemin communal, n'a rien pu faire pour éviter le bolide qui doublait une 4L. Elle décède sur le coup. Ce n'est pas le 1er accident sur cette portion de la route, sur laquelle le doublage reste cependant autorisé."
MERDE.
Je crois qu'on peut dire que je te hais, autant que j'ai pu t'aimer. Parce que j'ai jamais réussi à comprendre ce qui t'avais blessée à ce point. Parce que, malgré ton rire qui est la 1ere chose à laquelle je pense quand tu viens faire un tour dans ma tête, tu souffrais connement en silence et j'ai jamais rien pu faire contre ça. Me dire que j'ai essayé n'est absolument pas réconfortant, bien au contraire. J'y croyais vaguement, en proposant ce café. Vaguement.

L'ironie de la chose, c'est que tu ne sauras jamais à quel point tu m'as manqué quand j'ai arrêté d'essayer, ni à quel point je m'en veux -pour toutes les raisons qui sont dites ici, et ailleurs- et encore moins, à quel point tu me manques aujourd'hui.
Putain, ma ion...

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