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il parait qu'il va faire beau, demain.

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il parait qu'il va faire beau, demain.
2 octobre 2011

en mal d'amour

Il y a aimer et aimer. Tout le monde sait ça. Moi, je viens de le découvrir. Genre, à l'instant, après avoir réfléchi à la question posée il y a quelques heures, à savoir : "non, mais t'es amoureuse de lui, ou quoi?"

Ok, la question était décalée, une petite blague en passant, pour me rappeler que oui, apparement et réellement, je parle des gens qui m'entourent avec amour.

Il y a la famille, ceux qu'on aime tellement qu'on ne s'en rend même plus compte. Ceux qui ne nous manquent pas consciemment, mais qui, au premier contact, nous rendent compacts, emplis de petits moments de bonheur.

Il y a lui, cet inconnu, que je croise au détour d'un bar, et avec qui je parle comme si on se connaissait depuis toujours. Et ce tout petit moment de plaisir, égocentrique, après m'être demandée s'il me reconnaitrait et que oui, visiblement, il me reconnait, me connait, et m'aime bien. Il n'est que ça pour moi, le mec que je ne croise qu'ici. Mais je l'aime. Il ne m'apporte rien, et on se dit à chaque fois qu'on se croise qu'on ne se reverra probablement jamais. Et pourtant, je l'aime.

Il y a ce prof que j'ai tendance à regarder comme un père, un être fondateur, qui parle du monde et de la vie en se mettant volontairement dans la position du grand sage : celui qui a tout vu et tout vécu. Il m'exaspère, me fait rire tellement ses propos sons ridicules par moment, et m'impressione par l'étendu de sa culture, de son savoir. Ce type là, je l'avoue, je voudrai pouvoir le voir plus souvent. Il m'arrive même de ressentir le besoin de me blottir contre lui, tellement sa présence est rassurante pour moi. Je n'en ferai jamais rien, et, tel que ça part, je ne le reverrai très certainement plus jamais. En tout cas plus de cette manière. Dire que je l'ai aimé serait vrai, mais insuffisant : il fait partie de ceux qui m'auront marqué à vie, et j'aimerai l'image que j'en ai pour le reste de mes jours, j'en suis persuadée.

Il y a eux, qui me rappellent ma solitude sans le vouloir. Par le fait qu'ils fonctionnent à deux, d'une part, mais surtout par leur présence, dès que j'en ai besoin. Ceux vers qui je me tourne instinctivement, depuis toujours ou très récemment. Ceux pour qui je peux passer des nuits à pleurer lorsque j'ai peur d'avoir perdu leur amitié, leur amour. Ceux avec qui je partage, très personnellement, voir intimement, un passé chargé en émotion, positives ou non. Ceux dont l'absence soudaine, brève ou non, me force à faire face à moi-même, lorsque je réalise qu'ils sont loin de moi. Les seuls à qui je suis capable de tout dire, du meilleurs jusqu'au pire, tout en me retenant perpetuellement, de peur de leur faire mal.

 

Environ 9 mois depuis le dernier article, environ toute une vie depuis le dernier constat positif : je suis un être capable d'amour, et j'en profite. Peut-être un peu trop.

 

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30 janvier 2011

lost

Aujourd'hui, je suis allée boire une bière avec la dernière personne avec qui je suis "censée" boire une bière. J'en ai bu 3, et j'aurai bien enchainé, si mon acolyte n'était pas partie. Je me suis même félicitée de ne pas être restée seule dans ce bar, que je fréquente aisément depuis 6 mois. Félicitations, camille, t'es pas en mode "pillier de comptoir". Sur le chemin du retour, j'ai appelé mon coloc : "hey, c'est cam, t'es déjà rentré à l'appart? Tu crois que si j'achète de la picole en route ça te plairait? Non? Bon tant pis." Une pensée m'a traversé l'esprit. "Tiens, il faudrait que je me trouve quelqu'un avec qui je pourrai aller boire un coup à n'importe quel moment, quelqu'un de toujours partant." Je suis ensuite allée m'acheter de quoi grignotter, en bas de chez moi. Comme boisson? une kro s'il vous plait.
Et aujourd'hui, je flippe. Non, ce n'est pas si régulier, mais quand je comment, impossible d'avoir la volonté de faire autre chose. Je lui en ai parlé, ça n'a pas l'air de l'inquiéter, pour l'instant. Et sa désinvolture me cautionne, en quelque sorte. Il est un peu devenu ce que je redoutais le plus. Celui qui dicte la morale, la norme. Un peu, parce que ce n'est pas encore totalement le cas. Je remets en cause ses dires, ouvertement, et il l'accepte, plus ou moins bien. Je dois lui répéter ce qui me semble essentiel, tout comme lui me répète ce que je parais ne pas entendre. Ce jeu dure depuis le départ, et je pense que c'est tout le principe de cette thérapie : comment m'amener à me faire dire, penser des choses, en pensant que ça vient de moi? Comment lui faire comprendre ces choses, pour qu'il pense que ça vient de lui? Déroutant.
Aujourd'hui, je suis dans une se ces mauvaises passes, qui vont et viennent à l'improviste depuis quelques mois. Je sais que ça passera, comme les autres sont passées, mais je sais que ça reviendra. Je lui ai expliqué tout ça, tout ce dont j'avais conscience. Et pour la première fois, je pense qu'il m'a entendu. Je m'attendais à un beau discours rhétorique, ou, au pire, à une condescendance à laquelle je me suis malheureusement habituée. Au lieu de ça, après un bref silence, il m'a regardé droit dans les yeux et a prononcé les quelques mots qu'il n'était pas censé dire. Il ne lira jamais tout ça, j'espère, mais, putain, je pourrai le serrer dans mes bras pour ces secondes de sincérité. Qui n'amènent à rien, ne sont pas constructives, et pas particulièrement réconfortantes.
Ce moment à passer ne passe pas, et est plus dur, plus intense que les autres. Pourquoi? Parce que cette fois, j'en ai conscience. Et je crois (dans le cercle vicieux des idées noires) avoir conscience que ça ne s'arrêtera jamais complètement, définitivement. Parce que nous, nous n'avons aucune espèce d'idée du mot définitif.
Et aujourd'hui, je me perds. Dans ce que j'étais, il y a une éternité, dans ce que je suis devenue, comment, et dans ce que je peux devenir. Et j'ai une trouille, un peur qui me transperce de part en part, qui parait bien décidée à rester.
Une trouille d'enfer.

24 octobre 2010

commme c'est facile...

Comme c'est facile, de voir ici les écrits de mes déboires...
Que faire pour oublier ce regard... On ne se verra que si... On ne se verra que dans quelques années. On ne se verra que si les les choses se passent comme nous, on les prévoit. Quelques années. Ou bien l'infini, à jamais. On ne se reverra pas.
Je le sais. Tu le sais. Uns sorte d'adieu. "Adieu C..., on se reverra si..."
ou pas. On espère ne jamais se recroiser.
*Alors adieu, C...

1 octobre 2010

Et pour vous, c'est quoi la dépression?

Bon ben voilà, on y est. Encore une séance chez le psy durant laquelle les mots comptent plus que tout. C'est dur. De s'entendre dire tout ça. De voir le changement d'attitude chez lui - un soupçon d'urgence, d'inquiétude? C'est dur d'assumer ces mots, aussi.
Par moments, je me demande si je ne veux pas juste attirer l'attention, si je ne veux pas seulement qu'on s'occupe de moi. Il y a probablement une part de ça, mais malheureusement pas seulement.
J'écoute, attentive, les exemples qu'il peut me donner. Ceux que je peux comprendre, mais surtout que je peux entendre, qui ne vont pas m'affaiblir un peu plus. Il pèse ses mots, les uns après les autres. Quelque fois il dérape, peut-être sans s'en apercevoir, et ça fait mal. Et on rit aussi, bêtement. Le plus souvent, ses sourires répondent aux miens, il sont un décors à la situation, et on rit jaune. Mais par instants c'est juste un éclat de rire, on pouffe, ça peut durer un dixième de seconde, mais ça fait du bien.

Et il y a l'alcool, aussi. Qui m'aide à perdre le contact, qui me fait faire n'importe quoi. Mais tant qu'il me reste un peu de volonté, je décide de ne plus y toucher, au moins un certains temps. Les avis autour de moi sont partagés.
"Mais non, un verre de temps en temps, ça fait pas de mal."
"Ah ben depuis le temps que je te le disais, tu voulais pas m'écouter."
On verra bien.

Et puis il y a le médecin aussi, aujourd'hui. Mes questions, ses réponses directes - lui ne sait pas choisir ses mots. Il s'inquiète, et m'inquiète. Probablement pas grand chose, mais droit à aucun médoc tant qu'on a pas les résultats des analyses. Ouaip.

Et demain il y aura leur regard, que je devrai affronter, encore. Il parait qu'il faut que j'accepte mon affaiblissement. Je crois que je peux facilement m'y habituer, m'y adapter. Mais les regards...

24 septembre 2010

la puissance du continu

Difficile d'écrire ces mots. Difficile de mettre toutes mes idées dans le bon ordre, et encore plus difficile de choisir les mots qui pourraient leur donner un support.
Les mots. J'ai besoin, en ce moment, de mettre des mots sur chacun des épisodes de ma vie, les derniers en particulier. Et mettre un mot sur mon état. Quand je lui demande, il a du mal à répondre, à trouver une réponse que je sois capable d'entendre, de comprendre, et d'interpréter. Quand il me demande, à moi, de mettre ces mots, c'est le silence absolu. Puis je bafouille, et j'essaie. Il sait que je dis alors tout ce qui me passe par la tête, et que je peux me tromper. C'est le but, d'ailleurs.
Mais quand je lui parle de ce jour, ce jour qui m'obsède jour et nuit depuis quelques semaines, je sais exactement quel mot il voudrait m'entendre prononcer. Mais je ne veux pas. "Il ne faut pas sous-estimer la puissance des mots". Et celui-là est à la fois trop vague et trop précis. Ce mot me terrifie, profondément, sans que je sache pourquoi. Alors je tourne autour du pot, je donne tout ce que je connais comme synonyme, ou comme substitut. Il ne perd pas sa patience, mais au bout de quelques secondes de silence, il pose ses yeux dans les miens et me dit calmement, rassurant, "ce n'est pas à ces mots que je pensais". Je suis incapable de lâcher son regard, et il attend, sans aucune lourdeur, que je me lance. Ce que je fais, tout en précisant que je ne suis pas sûre de croire en ce mot, ce putain de mot. Alors on le définit, ensemble, et on précise, calmement, en quoi ce mot correspond aussi bien à la situation.
De temps à autre je parle d'autre chose, pour décompresser, et il me laisse faire, entrant même dans le jeu, avant de me ramener à ces choses difficiles. C'est son boulot, mais faut dire qu'il s'en sort bien.
Aujourd'hui, ce mot est gravé dans ma tête. J'y pense, j'en parle, je le tourne et retourne à la fois dans ma tête et dans ma bouche. Je le prononce à haute voix, et j'écoute l'écho qu'il a, en moi et autour de moi.

J'ai réussi à énerver mon psy. Il s'en est voulu, et je lui en ai voulu. Après tout, il est payé pour rester impassible -et encore une fois, il s'en sort habituellement plutôt bien. "Non mais putain, il va falloir arrêter de vouloir être aussi gentille, c'est plus possible sinon." 40€. Pourtant, il avait compris le problème dès les premières séances, et, au bout d'un certain temps, j'avais réussi à lui montrer que je peux à la fois avoir conscience de mes problèmes sans pour autant avoir la force de les résoudre. Bref.

Je m'enfonce dans les ténèbres. Tous les jours un peu plus. Je m'en rends compte, et j'essaye de remonter. Mais j'ai l'impression, cette fois-ci, que le courant est particulièrement fort, et je ne suis pas sûre d'avoir la force de ne serait-ce que m'accrocher. Pour mettre les choses au clair, cette force, je l'ai et je l'ai toujours eu. Mais une fois que le doute s'installe quelque part, il prend du temps à s'en aller. Et les moments de doutes sont plus longs chaque jours. Evidemment il y a les moments où tout va bien, je ris ou je pleure, je ressens, je vis. Mais ces derniers temps, les instants pendant lesquels je ne ressens rien sont moins brefs qu'avant, et plus intenses. Ces quelques secondes, ou j'ai l'impression de m'apercevoir que finalement, étant tellement éloignée du monde réel, je n'ai rien à y faire. Ces moments pendants lesquels plus rien ne me concerne, ni les gens ni les situations. En plein cours par exemple. Pas très évident de suivre un cours de maths en écoutant mes pensées me dicter que, bon, pour quoi faire?

Et il y a ces minutes, ces journées, pendant lesquelles je me pose des questions. D'un côté, comment en suis-je arrivée là, et comment redevenir celle que j'étais? De l'autre, comment savoir si cette personne là, apathique et aliénée, n'est pas ce que je suis au plus profond de moi-même? Comment discerner les impressions du moment A de celles du moment B..?

Dans ce que je continue à appeler les "bons" moments, je me persuade que ce n'est qu'une période, que ça passera. Dans les mauvais, j'ai le sentiment de me souvenir, comme si c'était acquis, que les bonnes ou les mauvaises périodes sont futiles, qu'au final rien n'a jamais compté pour moi, à part moi-même. 

- à finir (encore) -

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13 juillet 2010

"chalut, ça va bien?"

S'attendre à tout moment à ce que tu m'appelles, pour me dire que ça ne va pas. Pour m'expliquer ce qui te blesse. Pour me parler d'elle, surtout.
Plus de coups de fils nocturnes.
Plus de sms découverts au petit matin.
Plus de discussions houleuses sur internet.
Plus rien.
Il ne reste que ces dizaines de messages sur mon portable. Il ne reste que ce message sur msn, conclusion de cette dernière matinée. Il ne reste que ce message vocal, silencieux, laissé cette dernière après midi, avant que tu ne l'appelles elle, ces dernières minutes peut-être.

Il ne reste que mes souvenirs.

Il ne reste que ma haine envers toi.
[Envers moi]

S'attendre à tout moment...

A tout moment.

9 juillet 2010

Discussion(s)

Première séance chez le psy après cette très, très longue semaine. Mes mains tremblent, mais je ne pleure pas. Lui, il écoute attentivement, et il tremble aussi, par moment.
Et maintenant je suis complètement perdue. Je ne sais pas ce que je suis censée faire. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider, elle. Je ne sais pas quoi dire aux parents, qui voudraient me parler. Et puis je culpabilise aussi, beaucoup. Ça fait partie de la phase, j'en ai conscience. Mais je ne suis pas sûre d'être capable d'assumer tout ça.
Culpabiliser pour quoi exactement?
Euh... Pour beaucoup de choses. De m'être dit que ce n'était qu'une fois de plus, qu'il était encore entrain de jouer sa comédie malgré lui. Et de ne pas être arrivée à temps. De l'avoir rejeté aussi... La seule fois, le jour où je lui dit que pendant au moins quelques jours il n'entendra plus parler de moi, c'est après cette seule et unique fois qu'il..
Mais si j'ai bien compris, vous l'avez rejeté parce que vous aviez compris que vous n'aviez pas les moyens de le sauver. Non? Et ça, malgré tout, malgré la situation et malgré la douleur, c'est vraiment positif.
Non. Pas du tout. Je l'ai repoussé parce que ce jour là, j'ai eu peur de lui. J'en ai honte aujourd'hui. J'ai été d'une lâcheté que j'ai peur de ne jamais assumer. Une peur totalement incontrôlable et démesurée, et..
Démesurée? Lâche? Mais enfin... Il vous a frappé, vous..
Il voulait juste passer, il ne voulait pas me faire mal.
Il vous a frappé, vous vous êtes protégée, et vous l'avez protégé lui aussi. Une peur, c'est souvent déraisonné, mais dans ce cas c'est parfaitement justifié. La lâcheté, c'aurait été de ne rien faire du tout. Vous avez fait tout ce qu'il y avait à faire. Et je m'aventure peut-être, mais... Vous avez été la dernière personne à le voir, votre amie à l'entendre, pourtant des amis de longue date, il en avait plusieurs, si j'ai bien compris. Je pense que vous, vous n'étiez - pardonnez moi pour l'expression - qu'une bouée de plus. Et vous n'avez pas coulé avec lui, vous n'allez pas coulez avec son deuil, parce que vous, vous avez cette force là, de remonter à la surface malgré tout. Quant à lui, ses gestes des derniers temps me semblent malsains, peut-être pathologiques. Le fait d'appeler à l'aide pour vous rejeter ensuite ne veut pas dire que c'est vous qui avez déclenché le fait de passer à l'acte. Enfin.. Il s'est rendu compte ce matin là que malgré tout vos efforts, et malgré tous les efforts de ses amis, de ses proches, il voulait quand même partir. Vous pouvez voir ça comme une responsabilité, c'est vrai. Mais, et je pense que vous le savez, quand il n'y a que mourir qui vous tient à cœur, je ne suis pas sûre que qui que ce soit puisse changer quelque chose. S'il était passé outre votre rejet une nouvelle fois, il aurait encore recommencé sur quelqu'un d'autre. Il s'est juste rendu compte que malgré toutes les bouées autour de lui, il n'avait pas la force de rester à la surface.
Vous, vous avez trouvé votre limite. Gardez ça à l'esprit.

¤

Au camino, bar de substitution depuis une semaine. Lui, il a compris tout de suite, j'ai presque pas eu besoin de mots.

Bon patron, tu me dis ce qui ne va pas?
Mais putain t'as fini oui? T'es vraiment une chieuse!
Mais t'énerves pas, c'est juste que t'as pas l'air dans ton assiette. Mais c'est marrant, tu demanderas ça à C. et G., d'habitude quand je fais chier les gens comme ça pour savoir ce qui ne va pas, c'est que je me sens proche d'eux. Tu pourrai te sentir flatté au moins!
Et moi, je me dis que d'habitude, les gens comme ça qui demandent toujours si on va bien, c'est juste que c'est eux qui vont mal. C'est un putain de... euh... comment on dit déjà?
.. Un transfert?
Voilà.
Bon. Tu me ressert un martini?
Sers toi le toi-même, et t'esquive pas comme ça. Et puis tu sais, à force de faire la dure comme ça, tu vas prendre des coups. [Je me tiens instinctivement le bras] Mais... c'est quoi ça?
Trois fois rien. J'ai juste un peu trop jouée à la chieuse. En pensant bien faire.
C'est pour lui que t'es là tous les soirs ou presque, hein? Il est devenu quoi, ce mec?
Ouais, patron, c'est pour lui. Mais j'ai pas envie de te plomber la soirée, sers toi plutôt une bière, je t'invite.
Sers la toi-même, gamine, et c'est moi qui invite.

¤ ¤

Ces deux discussions m'ont fait un bien fou, malgré tout.
Aujourd'hui, mes nuits sont de plus en plus longues, et j'ai repris un des 3kg perdus depuis ce jour. Les images flottent encore dans ma tête, toute la journée, toute la nuit, mais ça passera, avec le temps. Tous ces regards surtout.
Le sien, plein de haine et de désespoir.
Celui du pompier qui me rassurait quelque minutes plus tôt. Son regard, lorsqu'il sort de l'appartement, posé dans mes yeux à moi. Son regard, chargé de douleur, et dur, si dur, en train de me prendre doucement par le bras pour me faire sortir. Ce même regard qui fuit lorsque je pose la question, étouffée dans ma gorge. Ce long silence. "Il est dans un très sale état. Il s'est pendu."
Celui de son frère, encore un peu amusé. C'est juste une fois de plus, selon lui. Lui n'a pas vu leur regard. Je n'ose pas lui dire. Après tout, personne ne m'a rien confirmé.
Le regard des médecins, plus d'une demi heure plus tard. Ils m'encerclent, m'étouffent. Ils sont six, tout autour de moi, tous avec le même regard. Tristesse. Compassion. Peut-être même une petite touche de pitié. L'un deux commence à parler, il m'annonce ce que j'avais compris depuis longtemps. Son regard à lui est dur, il ne fuit pas. Il me prend par l'épaule. Un autre, plus jeune, me parle à son tour, me propose d'aller le voir. Je reffuse. Je repousse les larmes, qui se font de plus en plus pressantes. Et eux qui m'encerclent encore, comme si j'allais m'échapper. Ils continuent à me parler, mais je n'entends plus grand chose. Et ils s'en vont, aussi vite qu'ils sont arrivés - "une urgence, désolé."
Le regard des flics aussi. Qui prennent des précautions pour me poser des questions auxquelles j'ai déjà répondu mille fois. Mais je garde ma patience, et je raconte, encore et encore. Ils se parlent entre eux loin de moi, et envoient toujours le même me parler. Le plus jeune, celui qui a l'air le plus choqué.
Et puis, putain, son regard à elle. Il finit de me transpercer le cœur, déjà bien amoché.

Tous ce regards resteront dans ma mémoire pour toujours.

7 juin 2010

welcome to the real world

Au moins, pour une fois, j'avais raison.
Mais j'aurai aimé avoir tort.
Au moins, maintenant, ce n'est plus simplement une intuition.
Mais ce n'est pas ça qui arrange les choses.
Au moins, enfin, je sais que j'ai été capable de tomber amoureuse.
Mais je regrette déjà d'avoir été si crédule.
Au moins, demain, je serai un peu plus forte encore.
Mais j'en ai marre d'être forte, j'en ai marre d'avoir à l'être.
Au moins, cette nuit, je dormirai. Peut-être.
Mais je n'ai pas envie de dormir ailleurs que dans ses bras, et d'ailleurs, quoi qu'il en soit, les cauchemars eux, seront bien là.
Au moins, encore une fois, je peux venir me défouler ici, et ailleurs.
Mais ça ne suffira pas.
Au moins, maintenant que je suis fixée, je vais arrêter de m'inquiéter pour lui. Ou pas.
Mais mes peurs n'apportent rien à personne, encore moins à lui.
Au moins, visiblement, je suis encore capable de pleurer - ça faisait bien longtemps.
Mais mes larmes ne réchauffent que mes joues, et n'effacent rien d'autre que mon espoir.
Au moins, avec un peu de chances, je vais sortir un peu ce soir, ça me changera les idées.
Mais je vais encore boire, et boire trop.
Au moins, j'ai vécu quelque chose de vrai, j'ai effleuré le bonheur quelques semaines.
Mais je ne peux pas m'empêcher de penser, toute tristesse mise à part, que ça aurait pu marcher pour de bon, pour de vrai - et que tout à foiré, comme d'habitude.

Mais je me trouve ridicule. Pleurer autant pour un homme, c'est ridicule. Pleurer autant pour seulement deux mois, c'est ridicule. Pleurer autant, c'est ridicule.

Mais je lui en veux, pour m'avoir laissé l'aimer aussi vite - beaucoup trop vite. Pour m'avoir dit ces choses si prometteuses, pour tout oublier ensuite. Pour ne pas m'en avoir parlé plus tôt aussi.

Mais ça fait mal de constater que toutes ses explications, tout ses arguments, sont les miens. Que je comprends bien qu'il n'y a rien d'autre à faire, et que visiblement, on y peut rien. Je voudrais ne pas comprendre.

Mais ça me fait profondément chier de me rendre compte que même après tout ça, je suis encore la même, à balancer mes jérémiades sur un blog de merde. A lutter contre mes pensées, ma façon de voir les choses. A rêver de tout reprendre depuis le début - ou de tout arrêter.

Mais j'en ai ras le bol qu'on me dise que je suis complexe. Tout le monde. Partout. Tout le temps.
J'en ai plein le cul, d'être complexe. D'être ce que je suis - cet être si pitoyable, qui se noie dans ses pensées en oubliant connement comment appuyer sur pause, voire stop.

29 mai 2010

et quelle étoile...

Quelques mots, bien futiles, et qui ne servent à rien. Ils ne vont rien t'apprendre, car tout ce que je ressens pour toi, tu le sais déjà. A vrai dire, j'écris ces lignes autant pour toi que pour moi. Peut-être même plus pour moi, alors que c'est ton anniversaire, à toi.
Parfois, tu le sais, je me prends à rêver éveillée, et mes rêves sont tout aussi puissants que la réalité.
Il y a ces moments dans lesquels je me prends à imaginer que tu n'es plus là, que je dois continuer sans toi. Je ne raconterai pas ces moments, mais ceux qui suivent, ces minutes, ces heures. Cette pointe de panique, juste avant que la réalité revienne. Ce creux dans mon estomac. L'impression qu'une partie de mon cœur m'a été arrachée, et ce vide. Je retrouve lentement mes esprits, et je crève d'envie de te voir, de confirmer que ce n'était qu'un rêve - un cauchemar. Ce vide mettra quelques jours à se remplir, parce que même s'ils ne sont qu'une divagation de mon esprit, mes rêves sont tout aussi puissants que la réalité. J'ai tout imaginé, pourtant la douleur est réelle. Et la douleur d'un monde sans toi est plus puissante que toutes celles que j'ai déjà eu à affronter. Ces dans ces moments là que je me rends compte à quel point je suis dépendante de toi, de ta présence, et même si ça m'effraie un peu -beaucoup- la bonheur de savoir que je connais un tel lien est plus fort que toute la peur que je pourrais en ressentir.
Il y a pourtant d'autres rêves, peut-être un peu utopiques, dans lesquels mon esprit nous a fait grandir ensemble, et vieillir ensemble.
Dans ce monde là, les années sont passées, et c'est probablement le seul rêve que je fais de moi en vieille, le seul futur lointain que j'arrive à imaginer - un futur avec toi.
Dans ce monde là, ton visage est marqué par le temps, par une vie de rires et de larmes qu'on aurait vécu ensemble.
Dans ce monde là nous avons eu des vies bien remplies, et nous nous remémorons nos souvenirs commun que j'imagine aussi. La fin des études, l'Irlande, la famille, les diverses épreuves. Et ton rire aussi.
Dans ce monde là, je suis plus heureuse que tout ce que je suis en état d'imaginer actuellement, parce que nous ne nous sommes jamais éloignées, parce que notre amitié est toujours restée aussi forte.
Lorsque je reprends mes esprits, mon espoir est tel que je suis capable de tout, juste pour donner une chance à ce rêve de devenir réalité, de devenir un projet. J'ai aussi un peu mal, parce que je m'aperçois que rien n'est fait, et que je suis pas sûre d'avoir le courage d'attendre toutes ces années; Mais mes rêves sont tout aussi puissants que la réalité, et le pouvoir de celui là est puissant. M'imaginer vivre à tes côtés me rend heureuse, tout simplement.
Aujourd'hui, c'est ton anniversaire. Tu ne liras probablement pas ces mots ce soir, ni demain, ni peut-être même le mois prochain, mais ça ne change rien. Parce que la seule certitude que j'ai, le seul point commun qu'il y a entre aujourd'hui, demain, et dans un mois, c'est que je t'aime. Et que j'aime la guinness.

22 mai 2010

indispensable

J'ai cru l'espace d'un instant ne plus venir ici. Mais on ne change pas sa nature en changeant de vie. On est ce que on est, et je commence à assumer ce que je suis, ce que j'étais, et ce que je deviens.
Ecrire. Parler. Crier. Hurler. Frapper. Et frapper encore.
Ecrire. Se souvenir. Imaginer. Rêver. Et rêver, encore et encore.
Ecrire. Juste écrire. Laisser mon esprit divaguer au rythme de la musique, et observer, observer. Observer ce qui en ressort, de ce foutu esprit. Observer ces lettres qui forment des phrases, phrases qui me touchent, puisqu'elles viennent de cette partie de moi que je connais si bien, mais que je comprends si mal. Observer, relire ce qui a déjà été dit, ici ou ailleurs. Observer cette personne, pleine de regrets et de haine, qui écrit ces mots. Observer son espoir aussi. Observer ces pensées incontrôlables qui s'alignent pourtant si clairement devant mes yeux.

Un peu trop d'alcool, et encore un article qui ne ressemble à rien. Quelques semaines sans écrire, sans même en ressentir le besoin. Même pas le temps de me dire que j'en ai besoin. Mais ce soir, je prends le temps.
Mes yeux se posent sur le titre de ce soir, indispensable et je tente de me souvenir. Je sens la colère frémir au creux de mon estomac, mais je ne sais plus d'où elle vient. Ah, voilà que ça me revient.
Se sentir indispensable. Être indispensable. Quel horrible sentiment.
En me relisant dernièrement, je suis restée paralysée par le souvenir des pensées qui me traversaient l'esprit il y a quelque temps. Une pensée, surtout.
J'espère aussi qu'il ne m'appellera pas au premier coup de stress, parce que je sais que si c'est le cas, je prendrai un plaisir à me sentir utile avec lui. Curieux de relire ces mots, et de constater que ses deux derniers appels n'étaient que des "coups de stress". Et si le premier m'a fait mal, le second m'a percé le cœur.
Quelques semaines à peine s'étaient écoulées entre ma "dernière" et son premier coup de fil. Mais ce petit laps de temps avait été suffisant pour moi, puisque j'avais pu réaliser d'une part que je peux me passer de lui, et d'autre part que son monde ne s'est pas effondré après mon départ, comme il le prévoyait. La douleur a été très simple à comprendre : j'ai juste été vexée. Parce que malgré tout, j'avais espéré qu'il prenne des nouvelles, qu'il ne m'appelle pas uniquement à cause de ce "coup de stress". Et paradoxalement, j'avais aussi imaginé ce coup de fil que j'ai reçu, juste intéressé, et m'entendre lui dire non, l'entendre gémir comme un enfant capricieux. Tout ça m'a retourné l'estomac.
Et hier, ce coup de fil. Il a l'air d'aller bien, je l'entends glousser à chaque fois que je parle, et j'imagine son visage éclairé. Et puis ces questions détournées, dans l'unique but de me faire revenir, mais "juste pour un concert". Et ma colère qui revient. Je lui dit non, avant même qu'il formule sa questions. Et comme à chaque fois, ses mots me percutent avec violence. "Comme je te fais confiance, j'attendais le dernier moment pour t'appeler. Mon dernier joker quoi. Mais puisque tu peux pas, je vais me débrouiller autrement". Et ces mots, balancés comme une blague. Il est mort de rire, le con. "Bah j'me disais que tu aurai pu le chanter en alto. tu peux le faire. C'est marrant, bah de toute façon t'es capable de tout là dedans. Et puis comme on est pareil, je sais que ça te ferait marrer" - et c'est le cas. Et il insiste, me suggère de l'appeler si tout d'un coup je peux me libérer pour lui. Mais à aucun moment il ne s'est rendu compte que je ne veux pas. Ni que je lui ai menti. Et je réalise, à quel point il est crédule. Est-ce qu'il pense vraiment que je suis partie uniquement pour avoir du temps pour moi? Cette pensée fait place à un souvenir, d'une de nos discussions. Celle-ci s'est déroulée dans sa voiture. Un long voyage rien que tous les deux. Une des premières fois où il me parlait personnellement. Une des premières fois où je lui expliquait ce que sa musique me faisait. Et sa réponse, simple, qui restera à jamais gravée dans mon esprit. J'entends encore sa voix trembler, je voix sa main tomber lourdement sur son fauteuil, et surtout je voix ses yeux, si tristes, se tourner vers moi. "Putain, Cam". Et j'entends encore ce silence assourdissant qui a suivi. C'est son rire qui a suivi, précédant ses propres souvenirs, de ses propres sentiments. Je lui fais la promesse, à sa demande, de n'en parler à personne. Marion et Blasher sont les seuls à être au courant.
Et ce souvenir flotte sans ma tête alors que je raccroche le téléphone. Je me rends alors compte que depuis ce souvenir, beaucoup de choses ont changées. Cette gamine pleine d'espoir n'est plus. Ce jeune homme si simple et si confiant n'existe plus. Maintenant, je dis non. Et maintenant, il se débrouille tout seul.

Ah oui c'est vrai, indispensable. Cette personne m'a fait croire pendant dix ans que je lui étais indispensable, à tous les points de vues. Et j'y ai cru, un certain temps. Mais j'ai grandi, et je sais maintenant que c'est juste un trouillard. Je sais aussi qu'il commence à comprendre qu'une fois sa peur dépassée, il n'aura plus l'impression d'avoir besoin de moi. Et il ne m'appellera plus. Inconsciemment, j'ai peur de ne plus servir à rien. Une mère qui voit ses enfants devenir indépendants doit se souvenir qu'elle reste une mère, qu'elle sera toujours indispensable, même après sa mort. Mais je ne suis pas sa mère. Je ne suis même plus sûre qu'on soit amis. Et il m'oubliera, je dois commencer à m'y faire.
Mais c'est pas facile. En attendant, je dois me contenter de lui dire non.

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